philosophy and social criticism

Patrice Chéreau lit “Coma” de Pierre Guyotat

Patrice Chéreau lit Coma de Pierre Guyotat au Théâtre de l’Odéon sous la direction de Thierry Thieû Niang, les mardi 28 et mercredi 29 avril à 20h. Pendant une heure et demie, Patrice Chéreau décide de remonter sur scène pour défendre seul Coma de Pierre Guyotat, paru aux éditions du Mercure de France en 2006. Cet ouvrage autobiographique évoque les angoisses existentielles de la création, de l’écriture et de la dépression.

Autant de thèmes sur la difficulté d’être au monde que le comédien et metteur en scène avait déjà mis en voix en 2008 lors d’une lecture-spectacle à Salonique puis à Rome. Pierre Guyotat a commencé l’exercice de la lecture en 1984, lisant alors son texte Livre en Europe et en Amérique du Nord. Ce besoin désespéré d’expression s’inscrit dans une démarche d’artiste engagé. Participant aux comités de soldats ainsi qu’aux combats pour les immigrés et les prostitués, il crée en mai 1968, avec Nathalie Sarraute et Michel Butor, l’Union des écrivains et adhère au Parti communiste. Cet esprit contestataire se retrouve dans ses oeuvres qui font scandale à l’époque. Tombeau pour cinq cent mille soldats (Gallimard, 1967) – roman mêlant sexe et guerre pour lequel Michel Foucault avait déclaré : «Vous avez écrit là un des livres fondamentaux de notre époque : l’histoire immobile comme la pluie, indéfiniment itérative, de l’Occident au XXe siècle» –, a été interdit dans les casernes françaises en Allemagne par le Général Massu. Trois ans plus tard, la polémique se répète avec Eden, Eden, Eden (Gallimard), préfacé par Michel Leiris, Roland Barthes et Philippe Sollers. Cet ouvrage avait été censuré par le ministère de l’intérieur malgré une pétition de soutien signée, entre autres, par Pier Paolo Pasolini, Jean-Paul Sartre, Jean Genet et Pierre Boulez.