Viscères du poème
Aimé Césaire
Angoisse tu ne descendras pas tes écluses dans le bief de
ma gorge
Peur dans l’écheveau fou je n’aurai que faire de chercher
en tremblant
le fil rouge de mon sang de ma raison de mon droit
le dur secret de mon corps de l’orgueil de mon cœur
une étoile de toujours se lève grand’erre et sans laisser de lie
s’éteint pour mieux renaître au plus pur
si tranchant sur les bords qu’Eclipse tu as beau faire infâme
moi le bras happé par les pierres fondrières de la nuit
je refuse ton pacte sa fureur de patience
et le tumulte debout dans l’ombre des oreilles
aura vu pour une fois sur la blancheur du mur
gicler la noirceur de viscères de ce cri sans oubli